Voilà un mois que je mène le grand train de la vie d’expat… Enfin plus ou moins puisque j’ai décidé de suivre Éric, qui vient de signer un contrat de deux ans avec une ONG au Kenya. J’ai réfléchis longuement (quelques heures), pesé le pour et le contre, pour finalement décider de remplir mon sac de tongs et de Malarone et de m’envoler pour Bungoma, ville de 60 000 âmes, à quelques 300 km au Nord-Ouest de Nairobi. Un pari un peu osé puisque je pars sans emploi et sans billet retour dans une ville où l’économie repose essentiellement sur la culture de la canne à sucre. Il s’avère que c’est l’opportunité idéale pour écrire mon mémoire, dont le sujet repose sur l’accès à l’énergie en milieu rural au Kenya. Pour les curieux, la soutenance aura lieu en juin à Paris, où je serai de retour pour quelques jours.

Bon. Ceci étant dit, la vie d’expat, c’est quoi ? J’étais un peu sceptique à l’idée de me retrouver dans une communauté de « blancs pleins de sous qui restent entre eux », et en effet… il y a un peu de ça. Il y a une quarantaine d’expats qui travaillent pour deux ONG présentes à Bungoma, des américains de 25 à 35 ans pour la plupart. Ils  partagent des appartements, travaillent ensemble, sortent ensemble, déjeunent ensemble, passent leur weekend ensemble… Une petite bulle bien hermétique, malheureusement due à l’absence d’une classe moyenne au Kenya. Avec une population vivant à 45% en dessous du seuil de pauvreté, une corruption hallucinante (le pays est classé 136ème sur 177 par Transparency International) et des tensions politiques, inter-religieuses et ethniques bien présentes, le Kenya à encore bien des défis à surmonter malgré un taux de croissance à faire pâlir n’importe quel pays européen! Avant de vous parler de girafes, de phacochères, de zèbres et autres bêbêtes;  de boda-boda, de piki-piki et de matatu, je voulais vous immerger dans mon petit quotidien d’expat, qui est bien loin de tout ce que j’ai connu jusqu’à aujourd’hui !  Un petit aperçu en 10 mots et 10 photos…

 

Malarone : 
La petite pilule rose qui vous protège de la malaria. Un must have dans votre pharmacie qui sera vite envahie d’antibiotiques, de pro-biotiques et d’anti-diarrhéiques… Au bout d’un mois vous n’aurez même plus besoin d’écouter les conseils du gentil docteur qui vous tend un petit flacon en plastique que vous transporterez avec vous aux toilettes sous le regard compatissant des autres patients. « Please use the little scoop to collect… It’s ok! I know… »

Prado :
Votre passeport pour le weekend ! Un gros 4*4 bien costaud qui vous permettra de rouler dans les flaques, de passer les dos d’ânes gigantesques sans rapper votre châssis tous les kilomètres et de rouler sur les pistes défoncées pendant la saison des pluies.

Rondo Retreat :
Si vous avez eu la bonne idée de partir avec un Prado, vous atteindrez peut être un Lodge magnifique, Rondo Retreat perdu au fin fonds de la dernière parcelle de forêt tropicale qui recouvrait autrefois le Kenya. Adieu bars bruyants sous vos fenêtres, odeurs de décharges à ciel ouvert et appel du muezzin à l’aube… A vous le chant des oiseaux et le coulis de l’eau! Tenue correcte exigée pour le dîner, apporté par des serveurs en nœuds papillon.

Linge : 
Le linge sèche sur la terrasse, au milieu des plantes qui, au rythme d’une nouvelle acquisition par semaine, ne devraient pas tarder à envahir notre balcon. Mes habits sentent le champignon et ont des trous partout.

Pancakes :
Le dimanche c’est brunch, et les pancakes s’incrustent souvent au menu. Qui dis brunch dit vaisselle et à 5 dans l’appartement (presque 6, un bébé est en route, mais non pas le nôtre…) ça s’empile vite ! Tout juste arrivée, en voyant la pile de vaisselle dégoulinant de l’évier je demande en rigolant « on a un lave-vaisselle ? », la réponse arrive sans tarder « heu, on a un lave-vaisselle humain… ». Ah.

 

Ceintrine: 
Notre fée du logis. En un clin d’œil, elle fait disparaître linge sale et vaisselle de trois jours ! Oui, on a une femme de ménage… J’arrive quand même à  faire mon lit et à ranger mes placards moi-même, droit acquis après maintes remontrances. Ceintrine va même jusqu’à goûter mes créations culinaires plus ou moins douteuses, de la brioche, au yaourt en passant par le pain vert de la Saint Patrick.

Life : 
Les soirées à Bungoma peuvent-être longues, très longues… L’électricité est un luxe que nous avons la chance d’avoir, ce qui n’empêche pas les multiples coupures quotidiennes (d’une à 25…), surtout pendant la saison des pluies. Sous antibiotique de manière presque ininterrompue depuis mon arrivée, je ne connais pas non plus encore très bien la vie nocturne de Bungoma (oui, il y des bars, avec de la musique et tout et tout) et il faut bien s’occuper. Life, le Scrabble, le Monopoly et plus récemment l’aquarelle ont rejoint nos étagères et occupent nos soirées quand les livres ne retiennent plus notre attention.

Weekend :
On part en weekend ! Où ça ? En Ethiopie ! En Ouganda ! Partir en weekend requiert un tout petit peu d’organisation… Les passeports, qui commencent à être bien remplis (« tu penseras à faire rajouter des pages à ton passeport hein !? »), les carnets de vaccination (obligatoire pour beaucoup de pays), les multiples devises… Les devises. Alors, comment dire ? C’est un sacré bordel. Par exemple pour aller en Ethiopie, j’ai des Shilling kenyans et des Birrs éthiopiens. Ça devrait aller non ? Et bien non. Pour acheter mon visa à la frontière Ethiopienne je dois payer en Dollars, en Euros ou en Livres. Je n’en ai pas. Problème: le distributeur de billet est cassé et le bureau de change n’échange ni les Shillings ni les Birrs (monnaie de son propre pays quand même !). Autant dire que tu as de la chance si une amie avec quelque Dollars en plus passe par là… Merci Bhumi.

Girafe : 
Je n’ai pu résister à vous mettre une petite photo de girafe… Croisée à Naivasha, lors d’un séminaire de travail pour l’ONG d’Éric. Ça change des pigeons !

Internet :
Comment vous dire ? Le wifi ici c’est un peu comme trouver une bouteille de bon vin ou du saucisson, ça n’arrive pas tous les jours. Chaque expat à une petite clé USB greffée à son ordinateur, indispensable sésame pour se connecter au net et recevoir vos petites nouvelles (Un mariage en vue ! Et une bougie de soufflée ! Master validé! Coinche en série ! Un pt’i poulain !). Pour en arriver là, il faut retomber en adolescence et gratter ces jolies petites cartes qui découvrent un code qui délivre du forfait. Comme quand on avait 15 ans, pour acheter des sms…

Kenya – 2014