Et un de moins…
A rayer peu à peu les mots vous résumant joyeusement ma vie d’expat, il n’en est resté qu’un… la Malarone. Il a bien fallu se faire à l’idée, le Kenya m’en faisait voir de toutes les couleurs.

Et une de plus !
Au palmarès des maladies contractées nous avons été champions, une de plus par semaine, nous n’avons pas chômé !

Alors on a ressorti les valises. Ça ne suffisait pas. On les a remplies. Toujours pas mieux ? Non. Et bien on est parti. Kwaheri Kenya, adieu Kenya! Mais au fond de nous on pensait, adieu Tiorfan ! Adieu Amibes ! Adieu Malaria ! Adieu hôpital de brousse ! Je reviens quand même avec une petite série de regards sous le bras, un mémoire bien ficelé et quelques parasites bien installés.

Il fait 35° et c’est la saison des pluies. Il fait sec comme dans un four, j’ai l’impression qu’on s’est moqué de moi. Lampe solaire, appareil photo et questionnaire à la main, j’arpente les rues de la ville. Je m’élance à la rencontre d’une cinquantaine de personnes qui prendront le temps de répondre à mes questions sur leur connaissance et leur usage des lampes solaires. La plupart n’ont pas accès à l’électricité et s’éclairent à l’aide de lampes à pétrole, qui sont  chères, polluantes, dangereuses et inefficaces.

C’est éclairée par la lumière blanche du sujet même de mon mémoire que j’écrirais les dernières pages de celui-ci, privée électricité…

 

C’est avec mon inséparable lampe solaire que je suis partie en piki-piki (pas un boda-boda hein, c’est pas la même chose) pour la campagne. Hébergée par une famille membre du programme de One Acre Fund, j’ai passé 5 jours à suivre le chef de famille dans la cambrousse pour comprendre l’usage qui y est fait des lampes solaires.

Logée chez la deuxième femme de celui-ci j’ai rapidement compris qu’il était polygame et qu’ici c’est tout à fait compatible avec la religion catholique. Ils restaient interloqués devant mes questions naïves « mais pourquoi plusieurs femmes ? », « c’est pas un peu compliqué tout ça, tout ça ? », « en France les hommes ils ont déjà du mal avec une, mais alors là..?! »

Et eux ne comprenant absolument pas comment vous messieurs, pouviez n’en avoir qu’une, de me rétorquer « mais comment tu fais si ta femme ne te plaît plus ? », « et si elle ne te donne pas d’enfants ? », « et puis une femme ça ne peut pas avoir assez d’enfants ! »

Bon. Pour vous résumer tout ça, ici quand ça va pas on divorce. Là bas on prend une autre femme, c’est pas plus compliqué. Bon, « heureusement » une loi est passée récemment qui oblige la première femme à donner son consentement au mari pour qu’il puisse en prendre d’autres. Bon.

 

Après une semaine à partager la chambre, les repas et le travail de la famille, un des fils vient se présenter à moi. Je lui demande de quelle femme il est le fils (je suis naïve je vous dis). La troisième. Ce n’est pas deux femmes que mon hôte avait mais quatre! Et tous ces curieux qui venaient me serrer la pince au petit déjeuner ? Oui, oui, ils pensaient bel et bien que j’étais la cinquième femme d’un mari décidément bien accompagné !

Je suis repartie pour la ville, toute essoufflée et balafrée, après avoir coursé pendant deux heures un petit porcelet dans les champs de maïs voisins… Kwaheri Kenya ! Je reviens en France toute essoufflée et balafrée, après ces quelques mois de bonheur teintés d’antibiotiques… Avec déjà, l’envie de repartir !

Kenya – 2014