Ce récit s’inscrit dans un autre, plus long, plus grand, encore plus saugrenu et évidemment inattendu. C’est l’histoire d’un voyage professionnel de trois jours qui s’est transformé en une aventure personnelle de trois semaines. Pourquoi ? Je laisse parler Baudelaire.

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers.

—  Charles Baudelaire

Alors je pars seule, en Chine, en Corée du Sud, en Russie. Dans les boîtes de nuits punks des hutongs pékinois, sur une île coréenne qui se calfeutre pour l’arrivée d’un typhon, dans les cales d’un vieux rafiot soviétique, sur les rails du transsibérien. Et personne n’en sait rien. Aujourd’hui, c’est un récit qui dort dans les pages de carnets racornis et sur la carte SD d’un vieux dictaphone.

Alors, à tous petits pas, je vous dévoile une partie de ce voyage, je lève un peu le voile. Je ne savais pas par où commencer. Alors je commence au milieu, avec le début des premiers enregistrements audio que j’ai retrouvés au fond d’un carton, il y a de cela quinze jours.

Pour ce premier petit chapitre, je vous emmène sur un vieux rafiot soviétique. Il traverse la mer du Japon pour rejoindre Vladivostok en Russie, au départ de Donghae en Corée du Sud. Nous sommes le 20 août 2018. Ça sent l’iode, le fuel et l’alcool. Bienvenue sur le bateau ivre.

« Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades, et d’ineffables vents m’ont ailé par instants » — Arthur Rimbaud, le bateau ivre