Les journaux de bord m’ont toujours fascinée. Ils regorgent de gribouillis, de mots tracés maladroitement, de tickets de métro, de bus, de musée, de fleurs récoltées sur le chemin, de croquis colorés, de tâches de gras, de larmes… C’est un outil précieux qui permet de se recentrer, de s’arrêter un instant et de considérer ce qui nous entoure. Mes carnets de voyage regorgent de citations, de dessins pas très beaux, et d’histoires glanées. Mais par-dessus tout, c’est un moyen de pallier mon manque de mémoire et de pouvoir partager mes voyages.

C’est ici que ça se complique… Pour la première fois je suis partie sans carnet. Oups.

Oups, vraiment ? La spécificité d’un road trip veut que l’on passe beaucoup de temps en voiture et quand on en sort on a une terrible envie de bouger. Notre voyage n’étais pas centré sur les rencontres que l’on allait faire mais sur les paysages que l’on allait voir. Une nouvelle manière de voyager pour moi et donc un nouveau moyen de m’exprimer, appareil photo sous le bras. Je vous ai quand même concocté un petit glossaire pour accompagner les images…

 

Camping :
La culture américaine est ainsi faite que le camping et les activités en plein air sont en général très populaires. Il est très courant d’aller passer ses weekends sous la tente en famille, pour pêcher ou randonner. Le territoire américain et vaste et regorge de parcs et de forêts splendides, de qui rend l’aventure d’autant plus agréable. Les standards du camping à l’américaine sont cependant bien éloignés de ceux auxquels j’étais habituée jusqu’alors… En général quand je pars camper j’emporte un vieux sac à dos dans lequel je fourre une tente, un sac de couchage, une paire de chaussette, un tee-shirt propre, une gourde et puis basta. Autant vous dire qu’ici on voit la chose différemment. Si l’on ne part pas avec sa caravane, on part avec une tente XXL, un barbecue, des chaises pliables, du matériel de cuisine… Résumons la chose simplement : on part avec tout ce qu’on peut caser dans sa voiture. Et les voitures sont grosses. Alors autant vous dire qu’avec notre tente de randonnée 2 personnes, on a bien fait rire certaines personnes. « Haha look at this tent Dad! It’s a tent for dwarfs! » De manière plus générale, nous avons campés à 80% dans des forêts nationales, qui ont l’avantage de fournir des campements gratuits et la plupart du temps complètement isolés.

Essence :
Faire un road trip de 5700 miles nécessite quelques pleins d’essences. Et ici, faire le plein d’essence c’est comme jouer au casino. Premièrement l’essence n’est pas chère. Vraiment pas chère. Un plein reviens à moins de $30, avec lesquels on roule en moyenne 600km. Deuxièmement, le prix de l’essence varie considérablement. Deux stations se faisant face peuvent afficher une différence de 30 centimes au litre ! Ça donne des situations du genre :  « on est à sec mais peut être que la prochaine station sera moins chère… Je continue? Je m’arrête ? » Bon. Le danger principal de ce petit jeu c’est que dans certains cas la prochaine station peut-être à 150 km…. C’est un peu comme jouer là la roulette russe, il ne vaut mieux pas perdre quand on est au milieu du désert.

 

Cuisine :
Notre matériel de cuisine se composait d’un réchaud, deux bols, deux fourllières (fourchette d’un côté, cuillère de l’autre), un Bodum et deux gourdes. Notre garde-manger quant-à-lui regorgeait de pâtes et de riz lyophilisé, de flocons d’avoines, de tortillas et de café. En un tour de fourllière à pot on obtient un menu quotidien pas très équilibré, pas très bon, pas très calorifique ni très substantiel mais pas très cher et très rapide à réaliser. Petit déjeuner : flocons d’avoines instantanés + café. Déjeuner : riz ou pâtes lyophilisées réhydratées dans une tortilla. Diner : riz ou pâtes lyophilisés réhydratées dans une tortilla. Miam! Je vous rassure, on a fait quelques arrêts pour se fournir en tomates, avocats, fromages, jambon, bananes, yaourts et poulet. Une ou deux fois…

Parcs nationaux:
Le National Park Service (NPS) protège 401 espaces naturels qui accueillent 275 millions de visiteurs par an, soit plus de 11 milliards depuis sa création en 1916. Parmi eux, 59 parcs nationaux. Les américains considèrent souvent leurs parcs nationaux comme étant l’élément fondateur de leur histoire. Les Etats-Unis n’ont pas le passé historique, architectural ou culturel des pays européens mais ils ont des terres qui portent en elles une histoire. Au lieu d’aller visiter le Louvre ou le château de Versailles, les américains emmènent donc leurs enfants camper dans les impressionnants parcs nationaux. Wallace Stegner, écrivain et historien résumait ainsi les parcs nationaux : «  »The best idea we ever had. Absolutely American, absolutely democratic, they reflect us at our best rather than our worst. ». Nous avons eu la chance d’en visiter 5 au cours de notre voyage : Bryce Canyon, Grand Canyon, King Séquoia, Yosemite et Rocky Mountains. La gestion de ces parcs est assez fabuleuse. L’ensemble des parcs nationaux du territoire recrutent 28 000 personnes et accueillent 257 000 volontaires pour entretenir leurs 33 millions d’hectares. Environ 5% des parcs est ouvert au grand public. Ces 5% nous ont vraiment donnés l’impression de Disney World naturels… Campings bondés de caravanes, touristes en short couverts de coup de soleil les bras chargé de sacs en provenances des magasins de souvenirs… Le bon côté ? Cela permet au parc de récolter beaucoup d’argent pour entretenir les autres 95% du parc. Ceux-ci sont accessibles assez facilement avec de bonnes chaussures de marche et sont en général les plus spectaculaires ! Cependant pour pouvoir camper en dehors de la zone centrale du parc il faut obtenir un permis. Ils requièrent plusieurs mois voire années pour être obtenus et permettent un tourisme responsable et aux conséquences moindre dans les parcs.  Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous le plaisir très américain qui consiste à se fournir en stickers à chaque passage dans un parc pour pouvoir les coller religieusement sur sa gourde en plastique. La gourde que l’on apportera en cours à la rentrée.

 

Escalade:
L’escalade est un sport fascinant qui demande rigueur, dépassement de soi, endurance et confiance. Mais par-dessus tout l’escalade est aussi l’occasion d’aller dans des endroits magnifiques et de se retrouver face à la grandeur d’une paroi, ou à l’immuabilité d’un rocher. La vallée du Yosemite, en Californie, était un point clé de notre voyage.  C’est le berceau de l’escalade aux Etats Unis, abritant certaines des voies les plus célèbres dont El Capitan et Half Dome.  Nous y avons planté notre tente deux jours durant, et parcouru le parc, de rocher en rocher, magnésie et brosse à dent au point, crash pad au dos. John Muir, naturaliste et acteur incontournable de la création des parcs nationaux, écrivait en 1901 :

Climb the moutains and get their good tidings. Nature’s peace will flow into you as sunshine flows into trees. The winds will blow their own freshness into you, and the storms their energy, while care will drop off like autumn leaves

– John Muir, Our National Parks

Motel :
Un motel c’est comme un hôtel sauf que les chambres donnent directement sur la rue. On gare donc sa voiture devant la porte de sa chambre. Les motels sont globalement tous les mêmes aux Etats Unis : deux lits de 140 ou un lit géant (j’estime personnellement ce lit géant comme étant un 280), une salle de bain avec baignoire, une machine à café, une télé. Le tout pour un montant qui varie entre 25 et 160 dollars la nuit. Nous avons passé deux nuits planifiées en motel pour un mariage à San Diego (toujours pas le nôtre) et deux nuits non planifiées en motels. La première nuit non planifiée est arrivée à cause d’une coupure de courant géante, alors que nous étions à sec (on avait parié….). Or, pas d’électricité, pas de pompes à essence qui fonctionne. On y a vu l’occasion d’aller dîner dans un petit restaurant pas cher, en attendant que le courant revienne et de reprendre la route. Ce qui s’est avéré être une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Il est 9h du soir et je fais des allers retours entre ma chaise et les toilettes du restaurant.  Motel 1 – Tente 0. La deuxième nuit en motel est le résultat d’un changement de programme : nous avons décidé de conduire jusqu’à épuisement pour pouvoir nous arrêter au Rocky Mountains National Park. Nous arrivons à Salt Lake City à minuit. Après un arrêt dans un motel qui s’est avéré être un repère de drogués et de dealers, nous atterrissons dans un motel du centre-ville. Qui s’avère être un repère de prostitués. Bon. On est un peu inquiets pour la voiture, il est une heure du matin, et les aller venues n’arrêtent pas… Surprise au réveil quand on voit des familles, des couples de retraités et des étudiants sortir des chambres. On ne sait pas trop quoi penser si ce n’est qu’il vaut mieux arriver avant minuit dans les motels. Motel 2 – Tente 0. Autant vous dire que quand on est préparé à dormir sous la tente au milieu d’une forêt, de passer la soirée à regarder les étoiles et à se réveiller avec des petits oiseaux qui chantent… On est un peu déçus… Sauf pour la douche. La douche, huuuuum. Deux arrêts en motels = 4 douches en 15 jours au lieu de 2 !