« Mon espagnol est pourri, j’ai mal au ventre, je suis fatiguée, je ne connais personne à Santiago… Mais qu’est-ce que je vais foutre là-bas nom de Dieu ?! ». A chaque fois. A chaque fois que je remets mon sac sur le dos, j’ai un petit moment de doute… « Qu’est-ce que je vais foutre là-bas nom de Dieu ?! » Et à chaque fois je repars, ne serait-ce que pour le plaisir de pouvoir me reposer la question.

20 janvier 2014 – Je m’envole pour le Chili, ou je vais passer un mois à faire du volontariat pour un parc national en création, le Patagonia National Park. Arrivée à Santiago après deux fois huit heures d’avion, je pose mon sac chez Sebastiàn, qui m’accueille pour 2 jours par le biais de cette fabuleuse plateforme qu’est Couchsurfing. Le principe est simple, un parfait inconnu, toutefois référencé et dont l’identité et l’adresse son vérifiées par le site (je rassure ma maman), vous offre son hospitalité, le plus souvent un canapé, et ce complètement gratuitement. Qu’est ce ça cache ? Pas grand-chose à vrai dire… C’est une façon de voyager que j’apprécie énormément car on est très loin du côté impersonnel d’un hôtel ou encore de l’effervescence des auberges de jeunesses, où l’on rencontre de tout sauf des locaux. J’ai donc été hébergée gratuitement sur un canapé d’un mètre cinquante, certes, mais ai eu la joie de rencontrer les amis de Sebastiàn lors de dîners, d’avoir de bonnes adresses qui ne figurent dans aucun guide, de pratiquer un poco mon espagnol (le Pisco Sour aidant), et d’écouter des histoires de voyages et de rencontres fascinante. Pour tout ça, merci encore Sebastiàn !

Santiago est une ville tentaculaire, couverte de gratte-ciels, avec des murs envahis de streetart, et une population très cosmopolite. Les villes m’oppressent facilement mais j’ai beaucoup aimé l’ambiance de cette grande ville, écrasée par la chaleur de l’été (et oui, c’est l’été de l’autre côté de l’équateur), grouillante de monde qui se précipitent dans les bouches du métro climatisé. Quelques caractéristiques rappellent les pays en développement : les bus dégoulinants de gens roulants à toute allure, les charrettes et les chiens errants, les petites boutiques côtoyant les minuscules échoppes… On sent par ailleurs fortement l’influence américaine, notamment dans la nourriture que l’on trouve en supermarché. Enfin, on y ressent un fort élan de la jeunesse, via les créations artistiques omniprésentes, les fêtes sans fin ou encore les manifestations politiques. Beaucoup de graffiti critiquent le pouvoir en place ou le capitalisme dans son ensemble ; preuve en est de cette phrase inscrite en lettre noires, en forme de bombe de peinture, sur un mur crasseux «los capitalistas dominan los medias pero las calles son nuestras» – «les capitalistes dominent les médias mais les rues sont à nous ». J’ai pris peu de photo de cette ville qui est pourtant haute en couleurs. Faute en est mon appareil photo, un Zenza Bronica, qui m’a été prêté par mon frère, et qui me suis fidèlement depuis un an maintenant. Prendre des photos argentiques est un risque, on ne sait jamais quel résultat on va obtenir ; et les routes tortueuses et peu carrossables du Chili ont eu raison de la robustesse de mon appareil ! Pellicules vierges, photos superposées ou surexposées… Une bien maigre moisson, que voici.

 

Ce qui m’a fait sourire à Santiago :

  • Mon premier déjeuner, une assiette de frite recouverte de morceaux de viande, d’oignons frits et d’œufs
  • Le regard hilare du serveur qui me montre comment manger des humitas (sorte de pâté de maïs compacté) alors que je m’apprête à manger la peau qui les enveloppe
  • Un employé municipal qui fait pipi dans un jardin public à un mètre de l’aire de jeux bondée d’enfants
  • Le regard compatissant des chiliens lorsque je parle espagnol

Prochain rendez-vous en Patagonie !