Temps gris, dimanche d’automne, pas tout à fait midi. Sur les vaguelettes bleu-gris du lac du Bourget, trois canards et un voilier. Nous avons rendez-vous. Un rendez-vous qui n’a ni vraiment d’heure, ni même de lieu. Mais nous y sommes. Parce qu’aujourd’hui Félix et Chépa mettent un vélo-canoë-roulotte à la flotte.

Je ne suis pas sûre que Félix, qui serre des mains inconnues et embrasse une vingtaine de paires de joues familières, ne sache vraiment comment il en est arrivé là. Sa voix enjouée se brise imperceptiblement sous l’émotion : « Vous êtes venus ! ». À deux mètres de là, Chépa, sa poule rousse et dodue, picore dans son enclos et s’en fout complètement. Pas question qu’elle aille à l’eau.

Coup de pédale sur la jetée. Félix et son joyeux barda coloré partent à l’eau. « Pincez-moi, je rêve », souffle une passante médusée, chignon blanc et lèvres pincées. On retient son souffle. « Maman, il va couler tu crois ? » Coup de pédale, même pas besoin de pagaie. Et hop, ça flotte ! Le ponton reprend son souffle à l’unisson. Félix et sa roulotte-vélo-canoë flottent. Un paradoxe, venant de celui qui aime à dire, de ses yeux malicieux et un peu bleus, « laisse couler, c’est bon ».

Depuis trois ans et demi, Félix Billey, vingt-huit ans au compteur, arpente les petites routes de France et parfois même de Suisse. À son rythme, sans hâte ni but. Au gré des rencontres, de la météo et des emmerdes. Semant une joie contagieuse, et avec une seule règle : « quand il pleut, je roule pas ».

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Un reportage sur Félix Billey à retrouver en intégralité sur Vélo Spirit, le web magazine du vélo dans tous ses états !
Contribution : texte.