Nous sommes à Irkutsk en Sibérie,  quelques heures avant mon départ pour Moscou, la dernière étape d’un voyage en solo de trois semaines. La ville que l’on surnomme « le Paris de la Sibérie », m’a séduite à bien des égards.

Située à 60 kilomètres du lac Baïkal, entourée de collines recouvertes de taïga et traversée par deux rivières, Irkutsk est idéalement localisée. C’est l’une des étapes les plus populaires du transsibérien, et on comprend pourquoi. Le centre historique, bien qu’il ait été ravagé par un incendie qui à quasiment rayé la ville de la carte en 1879, dévoile de vieilles maisons en bois, à l’asymétrie toute relative et au charme certain. L’une d’elle abrite le café Tochka, tenu par Eriksen et sa femme.

Il est onze heures, il fait un froid de canard, j’ai faim, je n’ai pas bu un café décent depuis 10 jours et mon avion décolle dans quelques heures. Je ne sais pas si ce sont les livres poussiéreux sur les rebords des fenêtres, les lampes à pampilles ou la machine à café rutilante qui m’ont attirés en premier. Le fait est que je n’ai pas été déçue. Un peu étonné de l’heure tardive, Eriksen prend malgré tout ma naïve commande, « un petit déjeuner ».

Et là c’est la ribambelle du gras et du bon. Servis à même la poêle brulante, une saucisse, des oeufs et des tomates, des galettes de pommes de terres croustillantes, un excellent café (enfin) et des petits gâteaux aux épices. Une fois sur pieds, on prend conscience du vieux western diffusé en noir et blanc dans son dos, des vielles affiches de propagandes sexistes dont on ne sait pas si elles sont vraies ou fausses tellement leur absurdité surprend, des livres qui sentent bon la poussière et l’aventure, du sourire et de la bienveillance d’Eriksen. Tochka signifie « le point » en russe. Parce qu’ici, c’est bien, c’est bon, un point c’est tout.

Tochka, Dzerzhinskogo, 11, Irkutsk, Russie, pour le merveilleux café et le joli voyage dans le passé.